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Les scientifiques du Muséum de Nantes sur les traces d’un dinosaure !
Le Muséum inscrit un nouveau chapitre à son histoire
Institution patrimoniale métropolitaine, ancrée depuis plus de deux siècles sur son territoire, véritable écrin pour ses collections universelles et acteur majeur de la culture scientifique, le Muséum fermera ses portes au public fin 2025 pour travaux de restructuration.
Sa réouverture prévue en 2029, offrira aux visiteurs un nouveau parcours muséographique ; une invitation à un voyage dans le temps, depuis l’origine de l’Univers jusqu’à aujourd’hui pour mieux comprendre les enjeux environnementaux et placer le citoyen actif et investi dans les changements qui s’opèrent. Cette déambulation scientifique sera illustrée et complétée par de nouvelles collections. Ainsi, le Muséum veut donner à observer, à comprendre, à admirer, à agir et à s’émerveiller. Et parmi les spécimens suscitant toujours l’émerveillement il y a les dinosaures, ces animaux qui comptent parmi eux les spécimens les plus grands et les plus lourds ayant existé sur la terre ferme.
Le Muséum veut en acquérir un, figure emblématique, illustrant à la fois le Mésozoïque, période de diversification de la faune et de la flore et les extinctions de masse. Pour cela pas de moulage mais un vrai dinosaure ! Actuellement, en France, seuls les musées de Lyon et Paris présentent ces grands spécimens.
Le Muséum de Nantes a lui aussi l’ambition de présenter un allosaure ou un grand sauropode dans son nouveau musée. Malheureusement, l’acquisition directe est hors de portée financière d’un musée. Autre solution, aller sur le terrain et mener un travail de fouilles paléontologiques. C’est précisément ce que l’équipe scientifique du Muséum entreprend depuis l'été 2024.
Cette démarche s’inscrit dans la politique d’enrichissement de ses collections en plus d’offrir, dans ce cas précis, l’opportunité de renouer avec la notion d’exploration sur le terrain.
Le Wyoming, une longue histoire paléontologique (site de fouilles)
La formation de Morrison est une formation géologique datant du Jurassique supérieur. Mondialement connue, elle est présente dans treize États américains, mais principalement dans le Wyoming et le Colorado. Elle doit son origine aux nombreuses petites rivières qui s’écoulaient dans cette vaste plaine, transportant du limon et du sable, avant la formation des Montagnes Rocheuses.
Ce site est célèbre pour ses riches dépôts de fossiles et est l’un des plus prolifiques pour les fossiles de dinosaures en Amérique du Nord. Dans le contexte géologique, ces fossiles se trouvent dans des couches de roches sédimentaires (siltstone et grès). On retrouve une dizaine de genres de dinosaures qui sont décrits dans la formation Morrison (Allosaure, Stégosaure et grands sauropodes), sans oublier d’autres groupes comme les petits mammifères.
Les découvertes de ces spécimens permettent de reconstituer les écosystèmes du passé, de comprendre les relations entre les différentes espèces de dinosaures et autres formes de vie, d’étudier les changements climatiques et le paléo-environnement de cette période.
Les fouilles et les études de fossiles permettent des avancées significatives dans le domaine de la paléontologie, offrant des aperçus sur l’évolution des dinosaures, leur biologie, leurs comportements, et leur extinction.
Allosaure
Dinosaure théropode, il figure parmi les plus grands prédateurs bipèdes de son temps.
Son crâne est léger, robuste et équipé de dizaines de dents acérées.
L’animal mesure entre 8 et 10 m de long
Sauropode
Parmi les sauropodes les plus longs et les plus imposants dinosaures on compte les brachiosaures ou les diplodocus qui peuvent atteindre entre 18 m et 25 m de long et font donc parti des êtres vivants les plus grands ayant existé sur Terre.
Ces quadrupèdes sont herbivores.
Une mission de terrain : un travail d’équipe pour des objectifs communs
Les scientifiques du Muséum de Nantes sont donc partis en mission les étés 2024 et 2025 dans le Wyoming pour effectuer des fouilles paléontologiques afin de dégager un dinosaure. Si l’espèce trouvée reste incertaine, théropode ou sauropode, ils sont certains de ne pas revenir bredouilles tant le site est riche. Peut-être même trouveront-ils une nouvelle espèce ?
Répartis en 2 équipes, ils sont présents sur le site pendant 8 semaines par an entre juillet et août.
Pour la saison 2024, ils ont bénéficié de l’appui expérimenté des paléontologues du Muséum de Bruxelles.
Pour la saison 2025, le Muséum a fait appel aux étudiants en sciences de la Terre (M2) des universités de Rennes, Poitiers et Lille, renforçant ainsi son rôle scientifique en permettant à des étudiants de participer à une opération hors du commun.
La mission scientifique travaille en concertation avec l'équipe allemande. 2 sites ont été ouverts en 2024, elle continuera à explorer le site dit "Rabbit Hole" qui semble très prometteur pour extraire un spécimen presque complet : un fémur, des vertèbres, un bassin… Appartiennent-ils tous au même spécimen ? Encore difficile à dire. C’est le travail scientifique de détermination qui apportera la réponse. Le nom de ce spécimen est donc encore inconnu, et il faut savoir que les chances d'exhumer un individu encore inconnu de la science est élevé sur ce secteur géographique !
Une partie des éléments fouillés est déjà stockée en Allemagne (7 conteneurs). Le dégagement fin et la restauration des spécimens seront effectuées par une entreprise européenne sélectionnée après un appel d'offres à l'automne (moins d'une dizaine d'entreprises sont en capacité de le faire en Europe dont 2 en France). Cette dernière opération de travail en laboratoire peut être assez longue (2 à 3 ans).
Cette mission a pour but ultime de :
• Proposer au public du nouveau musée, un ou plusieurs spécimens exceptionnels, icônes des muséums et source d’émerveillement
• Enrichir et compléter ses collections de paléontologie
• Illustrer le parcours scientifique
• Participer à une recherche scientifique avec l’Institut des Sciences Naturelles de Bruxelles sur un groupe zoologique emblématique, la probabilité de dégager une nouvelle espèce voire un nouveau genre étant assez élevée.
« Cette expédition dans le Wyoming est une chance extraordinaire pour le Muséum de Nantes même si nous n’en connaissons pas encore le résultat. Cette aventure qui nourrit l’engouement pour les dinosaures permet de partager la science et donner à tous nos publics le goût de la connaissance par l'émerveillement. » précise Philippe Guillet, directeur du Muséum de Nantes.
« Les rêves de dinosaures appartiennent aux enfants, mais aussi aux grands. Le Muséum nous entraîne ainsi dans une aventure passionnante et démontre la dimension éducative incontournable de ce futur établissement : parce que les dinosaures et leur disparition nous interrogent aussi sur notre responsabilité humaine face au vertige du temps de la terre et de l’histoire du vivant » conclut Johanna Rolland, maire de Nantes, présidente de Nantes Métropole.
De la découverte à l’émerveillement du visiteur
Avant d’admirer ce vrai dinosaure au Muséum de Nantes il y aura une succession d’étapes qui se dérouleront des deux côtés de l’Atlantique et s’étaleront sur plusieurs années.
Sur le site de fouilles, au Wyoming (USA) - étés 2024 et 2025
• excavation des terrains, repérage et identification des fossiles, cartographie des ossements en place
• dégagement grossier des ossements dans leur gangue de sédiments après leur consolidation à l’aide de bandes de plâtre
• conditionnement pour leur rapatriement vers l’Europe
En laboratoire, en Europe
• dégagement des ossements de leur gangue de sédiments et de plâtre
• nettoyage et consolidation
• si nécessaire comblement des parties manquantes
Le montage et le transport du dinosaure vers le Muséum
• assemblage du squelette sur une armature pour lui donner une position naturelle visant à lui « donner vie »
• reconditionnement et transport vers le muséum pour son installation définitive !
Ce travail scientifique de la fouille paléontologique à la mise en place du spécimen trônant dans le futur Muséum s’étalera de 2024 à 2029 et comporte deux missions dans le Wyoming calées sur les été 2024 et 2025.