Les oiseaux d'Alfred Marche (1844 - 1898) / Explorateur, naturaliste et géographe

Les collections ornithologiques du Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes se sont considérablement enrichies par des échanges avec d’autres musées, et notamment le Muséum National d’Histoire Naturelle au cours du 19ème siècle. Ces dons ont été favorisés par Léon Dufour, conservateur du Muséum de Nantes entre 1869 et 1882, puis par le Docteur Louis Bureau, conservateur-directeur entre 1882 et 1919. Ainsi, l’inventaire des collections du Muséum de Nantes recense plus de 400 spécimens provenant du Muséum de Paris. Le catalogue des sorties du Muséum National fait, quant à lui, apparaître le don de 700 spécimens, entre 1873 et 1890, vers le Muséum de Nantes.

Ces spécimens, le plus souvent issus de collections prestigieuses (Jules Verreaux, le Prince Bonaparte, Alcide d’Orbigny…) et de voyages d’explorations (l’Uranie, l’Astrolabe, Passage de Venus…), sont venues enrichir les collections du muséum de Nantes. Parmi ces spécimens, le nom d’Alfred Marche associé à de nombreuses espèces collectées en Asie du Sud-est, nous a conduit à nous pencher sur l’activité naturaliste de cet explorateur ethnologue et géographe. Parmi les explorateurs du 19ème siècle, Alfred Marche figure parmi les moins connus. Maxime Florio (2005) au travers de l’étude de la bibliothèque d’Alfred Marche retrace la vie de cet explorateur et lui redonne sa place parmi les grands explorateurs du 19ème siècle.


Voyages d’exploration en Afrique (1872-1873 ; 1873-1874 ; 1875-1878)

Lorsqu’Alfred Marche effectue sont premier voyage en Afrique, à partir de janvier 1872, il précède ceux de Savorgnan de Brazza de quelques années. Mais il s’agit d’une description géographique des territoires visités, et il n’est pas encore question de zoologie.

Dans son second voyage en Afrique (1873-1874), Alfred Marche est accompagné par le marquis de Compiègne. Cette nouvelle mission mène les deux voyageurs au Gabon, et se consacre à l’exploration su fleuve Ogôoué. Alfred Marche partira pour l’Afrique en octobre 1873 et sera rejoint par le marquis de Compiègne au Gabon en 1874. Le fleuve Ogôoué ne sera pas remonté, à causes des maladies contractées par les deux explorateurs.

Initialement consacré à une nouvelle tentative de remontée du fleuve Ogôoué, en compagnie du marquis de Compiègne, le troisième voyage d’Alfred Marche (1875-1877) se déroulera en compagnie de Savorgnan de Brazza. Brazza précise qu’il a choisit Alfred Marche comme compagnon en raison de sa première expédition avec le marquis de Compiègne. Ils sont accompagnés par Ballay, et le jeune quartier-maître Hamon, portant à quatre les européens de cette mission.

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De ce voyage, Alfred Marche rapportera de nombreuses collections zoologiques, qui furent vendues à des naturalistes parisiens (Jules Verreaux, Aimé Bouvier), servant à financer les expéditions. Emile Oustalet, alors aide-naturaliste au Muséum National d’Histoire Naturelle, a l’occasion de l’entrée de cette collection dans l’établissement, dresse une liste de 107 espèces (1879), parmi lesquelles il décrira quelques sous-espèces : Dendropicos fuscescens ssp. sharpii, Dicrurus ludwigii ssp. Sharpei et Andropadus marchei. Un exemplaire du Chevalier guignette collectés sur le Lac Ogôoué figure dans les collections du Muséum de Nantes.

Malade et fatigué, Alfred Marche dut abandonner l’expédition Brazza et rentrer, seul, en France en juillet 1877. Il publia aux éditions Hachette en 1879, « Trois voyages dans l’Afrique Occidentale », ouvrage qui relate ses différentes missions. De ce voyage, 107 espèces seront collectées.

Alors qu’Alfred Marche se trouve en Afrique, la Société Zoologique de France est créée le 8 juin 1876 dans l’appartement d’Aimé Bouvier à Paris. Parmi les membres fondateurs de cette Société se trouvent, non seulement Alfred Marche « voyageur naturaliste en exploration dans les Philippines », mais également Louis Bureau (qui deviendra conservateur du Muséum de Nantes en 1882), et Jules Vian dont la collection d’oiseaux est encore conservée dans l’établissement nantais.

 

Voyages en Asie du Sud-est (1879-1886)

Après les voyages en Afrique, il semble qu’Alfred Marche ait suivi un enseignement au Muséum National d’Histoire Naturelle, sous la direction du Docteur Hamy, membre de l’Institut et professeur d’Anthropologie dans cet établissement. C’est missionné par le Ministère de l’Instruction publique qu’il s’embarque à Marseille en juillet 1879, sur le « Tonkin » à destination de Singapour, puis de Manille. Ce premier voyage sera consacré principalement à la géographie et à l’Ethnologie. Alfred Marche publie un « Rapport Général sur une mission à la presqu’île de Malacca et aux Philippines » établit à Paris en 1882, et publié l’année suivante dans le tome 13 des « Archives des Missions Scientifiques et Littéraires ».

De ce premier voyage de nombreuses collections de Zoologie seront rassemblées, puis données au Muséum National d’Histoire Naturelle. Les collections du Muséum de Nantes comportent 29 spécimens correspondent à ce premier voyage.

De 1882 à 1884 auront lieu deux autres missions aux Philippines, d’où l’infatigable explorateur rapportera de très importantes collections d’Histoire Naturelle, dont de nombreuses espèces nouvelles et notamment, plusieurs exemplaires d’un pigeon nouveau, décrit plus tard par Emile Oustalet (Ptilinopus marchei). En 1886, Alfred Marche fut chargé d’une troisième mission qui prendra fin dans les premiers jours de mai 1889 Il a publié Trois Voyages dans l'Afrique occidentale (1879) et Six Années aux Philippines (1887). Ce sont en tout 732 spécimens de Mammifères et d’Oiseaux qui seront ainsi collectés dans les Philippines. Quelques oiseaux ont été nommés en l’honneur d’Alfred Marche ; Calao de Palawan Anthracoceros marchei Oustalet, 1885; Le Ptilope de Marche, Ptilinopus marchei  (Oustalet, 1880) et le Zostérops doré Cleptornis marchei (Oustalet, 1889), seule espèce de ce genre, aujourd’hui en danger critique d’extinction.

Décoré de la Légion d’Honneur en 1887. En 1893, Alfred Marche habite Tunis et cherche un emploi auprès du Ministère de l’Instruction Publique. Il semble que sa requête n’a pas été honorée, puisque en 1894 il habite Tunis où il occupe un emploi d’archiviste. En 1898 la « Revue Tunisienne » publie les « Notes de voyages aux Iles Mariannes » d’Alfred Marche. Il meurt le 31 août 1898 à Paris.


Catalogues des espèces

 Les étiquettes associées aux spécimens sont assez complètes et portent un numéro d’ordre se rapportant au catalogue de voyage, le numéro d’ordre du catalogue général, la date et la localité de capture, ainsi que le nom local de l’espèce concernée. Cette indication, très rare sur les spécimens zoologiques dans les collections, met en lumière les préoccupations ethnologiques de M. Marche lors de ses voyages. Nous avons choisi de suivre la systématique adoptée par Del Hoyo et al. (2001).

Les informations associées aux spécimens sont présentées de deux manières différentes selon que l’oiseau est naturalisé « en peau » ou « monté ». Les retours à la ligne sont figurés par un / et le passage à la seconde étiquette est figurés par un //. L’ensemble des oiseaux montés et présentés dans les vitrines de la galerie de zoologie présente une étiquette blanche en plastique réalisée dans les années 1980 comportant une information réduite. Pour ces spécimens, l’information complète, si elle n’a pas disparue, a été retrouvée dans un « cahier d’étiquettes » déposé aux archives du MHNN.
Ce cahier comporte les anciennes étiquettes des oiseaux naturalisés qui ne sont pas présentes actuellement sur les socles.

etiq01.jpgetiq02.jpgetiq03.jpgChaque étiquette comporte les informations suivantes :
N° inventaire MHNN / N° inventaire antérieurs MHNN / N° catalogue général / Nom scientifique / Nom vernaculaire / Localités / Date / Collecteur

 

 

 

 

> Télécharger le catalogue complet des espèces collectées par Alfred Marche (format PDF)