La Collection de mammifères marins du Muséum de Nantes se singularise par certains spécimens dont la localisation de découverte (cas du belouga et du phoque moine) ou les modalités de capture (cas du rorqual commun) s'avèrent peu communes.
Le Muséum conserve également quelques objets ethnologiques fabriqués à partir de matériaux issus de mammifères marins (bijoux océaniens, crâne de morse sculpté).
En mai 1991, un rorqual commun, probablement en mauvaise santé, a été percuté dans le golfe de Gascogne par le méthanier Edouard LD et transporté involontairement par ce dernier jusqu'au Port de Donges (Estuaire de la Loire)
> L'Aventure de la baleine de Donges ; article de Claude Guintard et Luc Remy
> Quelques images...
Le Bélouga du Muséum d’Histoire Naturelle de Nantes, cétacé odontocète d’affinité arctique, fait partie de ces spécimens dont la rareté fait la fierté d’un musée.
Cet individu fût capturé le 13 décembre 1948 par un pêcheur ligérien environ 18 km en aval de Nantes. S’étant pris dans des filets tendus pour le saumon (les populations de saumons atlantiques se sont aujourd’hui fortement raréfiées à cause de la construction de barrages sur la Loire qui les gênent dans leur migration), il finit par périr noyé. Examiné par le conservateur d’alors, Paul Louis Niort, il fût décrit comme un individu femelle d’environ quatre ans d’une longueur de 328 cm et d’un poids de 377 kg.
Il s’agit de la seule mention de cette espèce sur le littoral français. Elle n’avait jamais été signalée au sud de l’Ecosse et des Pays-Bas, les captures les plus méridionales ne descendant pas au dessous de 56 ° de latitude nord (à comparer aux 47° 12 de latitude nord de Nantes). Espèce fréquentant préférentiellement les eaux polaires, il s’agissait vraisemblablement d’un individu égaré.
Il existe actuellement dans les collections du Muséum un moulage de l’individu entier et le squelette afférent originel.
Le Phoque Moine (Monachus monachus) est une espèce emblématique quand aux problèmes de régression d’aire de répartition. Sous l’action anthropique cette espèce a disparu des côtes de France et de Corse, dans les années 70.
Espèce méditerranéenne, elle nécessite des côtes rocheuses et une grande tranquillité. Actuellement, elle se cantonne essentiellement sur les côtes de Mauritanie en Atlantique.
Les côtes algériennes et égéennes abritent vraisemblablement les dernières colonies de phoques moines méditerranéens.
Le Muséum possède 4 spécimens naturalisés de cette espèce, dont un jeune collecté en 1927, au Port du Cormier, à Pornic (Loire-Atlantique), témoignant ainsi d'une présence exceptionnelle sur nos côtes il n'y a pas si longtemps...
Dans les collections d'ethnologie ont été identifiés 3 bijoux (un collier et deux paires d'ornements d'oreille) constitués en partie de dents percées de marsouins ou de cachalots.
Aux îles Marquises, « les dents de marsouins, très précieuses, étaient particulièrement recherchées pour être portées suspendues au cou ou aux malléoles des pieds. Pour se les procurer, les Marquisiens n’hésitaient pas à vendre leurs porcs aux baleiniers ; et les Marquisiennes allaient jusqu’à se prostituer à bord des bateaux afin d’en obtenir », in Le voyage improbable.
« Le tabua, dent de la mâchoire inférieure du cachalot Physeter macrocephalus, possédait un sens spirituel et sacré pour les habitants de Viti. Muni d’une cordelette, à la manière d’un pendentif, le tabua était employé comme monnaie au cours des cérémonies de mariage ; on l’offrait aussi comme marque d’estime, pour réparer une faute ou obtenir une faveur. Symbole féminin de fertilité, le tabua était également associé à la protection de l’esprit après la mort », in Arts de l’échange en Océanie.
Ce crâne de morse sculpté a été réalisé par un marin de navire baleinier, à une époque indéterminée. Il a été donné au Muséum de Nantes par le Muséum National d'Histoire Naturelle, en 1967.